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Meria et pépins partent en voyage

Bienvenue dans ce journal de bord dédié à mon voyage en Asie du Sud-Est ! Les articles seront donc quotidiens autant que faire se peut. Je vous ferai part de l'essentiel mes expériences et de mes ressentis, aussi bien mes coups de cœur et mes coups de foudre que de mes coups de gueule, mes coups de barre et mes coups de blues. On peut dire que vous ferez une partie du voyage en ma compagnie, mais les yeux fermés car cela sera difficile pour moi de mettre des photos ;-)

Atmosphère soviétique

Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé une aussi bonne nuit et pourtant le réveil a bien sonné à 6h. Nous sommes allés tranquillement petit-déjeuner puis à 7h15 nous nous sommes finalement rendus à pied jusqu'au centre hospitalier : un complexe très imposant et très bien structuré (on sent déjà la patte communiste). Nous nous rendons directement dans un petit bureau où nous Anh, une jeune médecin oncologue qui évolue en binôme avec Éric en faisant principalement l'interprète.



J'assiste ainsi à une matinée de consultation typique, assez instructive sur le comportement des vietnamiens vis-à-vis du médical. Déjà, on sent qu'il y a une certaine aura du médecin blanc, une grand-mère nous l'a confirmé en disant qu'elle faisait totalement confiance à Éric parce qu'il était français. Les gens se succèdent et comme il n'y a pas de salle d'attente, à chaque fois la personne suivante patiente à un mètre du bureau et parfois se rapprochant juste au-dessus pour entendre ce qui se dit : autant dire qu'il n'y a aucun secret médical possible mais ça ne semble choquer personne à part nous les français. En milieu de matinée, un médecin à l'attitude très fier vient nous voir dans le bureau : il s'agit ni plus ni moins que du directeur de l'hôpital. Anh me présente puis elle me traduit que le directeur me convie également à dîner ce soir, avec Éric et un autre médecin obstétricien de l'association qui devrait arriver dans l'après-midi.



Enfin, vers 11h, les consultations se terminent. Avant de partir Anh me fait visiter l'hôpital qui m'apparaît de plus en plus impressionnant par sa taille et ses équipements mais très sommaire par d'autres aspects : les patients réunis dans des dortoirs inconfortables, sans même un seul rideau de séparation, comme j'ai déjà pu le voir avec les québécois à Stung Treng, au Cambodge, et des toilettes dans un état absolument immonde. Elle nous guide vers un grand panneau ayant pour but de louer les actions de l'hôpital avec un tas de photos montrant différemment évènements où le directeur est présent quasiment à chaque fois. Une photo attire particulièrement mon regard : on y voit le directeur présider une réunion au bout d'une grande table avec plein de symboles communistes autour. Éric pensait savoir qu'on l'appelait la "salle soviétique" mais visiblement cela n'évoque rien à Anh (ouf, on a évité l'incident diplomatique).



Nous rentrons manger à l'hôtel où la difficulté réside dans la commande des plats : ne nous proposant même pas de menu, nous sommes obligés de traduire sur le téléphone ce que nous voulons en vietnamien (et encore la traduction ne doit pas être très bonne vu la tête qu'ils font en lisant). Pour l'après-midi, Éric repart à ses coloscopies (sans façon) tandis que je reste tranquillement dans la chambre pour une bonne sieste. Je ne ressors que pour aller acheter des chips de fruits pour me caler une petite faim. Les gens me regardent encore plus de manière insistante que la veille, une vendeuse me lance un grand "handsome !" en haut de l'escalator, les gens m'adressent quelques mots d'anglais dans les rayons ou me dévisagent sans aucune discrétion. Sur le retour, un vietnamien m'alpague pour me prendre en photo ainsi que des selfies avec lui. Un ou deux ça va, c'est rigolo, au bout du douzième où il rapproche sa tête toujours plus proche de la mienne ça devient légèrement inconfortable (et surtout je commence à craindre qu'il ne finisse par m'en rouler une).



Je rentre à l'hôtel à 17h et Éric est déjà de retour. Nous ressortons directement pour aller boire un café et nous réussissons tant bien que mal au bout de vingt minutes à trouver un café (pour boire un café ça tombe bien) mais nous ne savons même pas ce que nous commandons : "Ca phê den" ? "Ca phê nau" ? "Ca phê den lac" ? "Ca phê nau lac" ? (Remarquez la "vietnamisation" du mot "café"). Nous commandons finalement deux "den lac" et lorsqu'on nous les apporte, nous déduisons que "den" signifie "noir", "lac" pour "glacé" et "nau" donc "lait" (la prochaine fois on le saura). Nous rentrons avec la nuit avant 19h et patientons jusqu'à 21h15 où nous descendons finalement au restaurant de l'hôtel.



Viennent d'arriver le directeur Dong, Trung (un médecin francophone jouant le rôle d'interprète), une jeune infirmière soi-disant (ou plutôt, comment dire, "escort girl" ?) et Daniel le médecin obstétricien qui est tout juste descendu de son avion. J'ai passé une soirée très bizarre, lourde, je dirais même malsaine. Durant le repas, le seul directeur faisait peser sur nous un regard méprisant et absolument énigmatique. Nous les français mesurions chacun de nos gestes. Éric qui y est presque rompu et a même finis par apprécier le directeur, après 15 jours ici, semblait peut-être un peu plus à l'aise. J'avais l'impression de me retrouver dans ces films d'espionnage où tout le monde se toise en se demandant qui va dégainer ou empoisonner l'autre. Nous trinquons un nombre incalculable de fois avec un vin italien extrêmement sucré (un peu trop, à l'image de cette rencontre). Un de leur grand jeu (Éric m'avait prévenu) est le "100 %" (ça ils savent le dire en français) qui consiste à désigner quelqu'un autour de la table qui doit finir son verre cul-sec. Au début, nous jouons le jeu, un verre, deux verres, puis nous esquivons les défis suivants le plus poliment possible. Plusieurs fois ils font des allusions à la possibilité d'amener "l'infirmière" dans notre chambre. Éric me précisera ensuite que ce n'est pas la première fois. Lors de certains repas, il peut même y avoir de l'argent qui circule dans des enveloppes.



J'étais particulièrement soulagé lorsque ça s'est terminé, apparemment je n'étais pas le seul.

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